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Ils font l'agriculture européenne Peter aux Pays-Bas : « Le bio n'est pas la seule voie »

Comment concilier une agriculture performante, rentable et innovante, mais très intensive, avec la préservation des ressources naturelles, la transition écologique et les exigences croissantes de la société ? Tel est le défi des Pays-Bas, où nous sommes de passage dans le cadre de notre traversée de l'Europe et de son agriculture. Voyons comment Peter, agriculteur dans ce pays, y parvient.

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L'installation de Peter a été aussi rapide que soudaine et précoce. En 1992, à tout juste 14 ans, il doit quitter l'école pour prendre la suite de son père, gravement malade. Si ce dernier le conseille comme il peut depuis l'hôpital, c'est seul, sur le terrain, que le futur agriculteur est obligé de se former. Un challenge relevé haut la main puisqu'il devient, à 18 ans à peine, gérant de l'exploitation, dans la famille depuis trois générations. « Mon grand-père a migré aux Pays-Bas à la création des polders en 1965, en achetant 17,5 ha. Les terres étaient quasiment données tant l'État voulait installer des jeunes agriculteurs pour nourrir la population », raconte-t-il. 

Grâce à l'achat progressif de foncier, la surface de la ferme atteint désormais 200 ha, à 50 % en propriété, les autres 50 % appartenant à l'État et à des particuliers. Mais aujourd'hui, impossible de l'agrandir davantage, car le prix des terres a bien changé. Même en proposant 120 000 € de l'hectare, le producteur s'est vu rafler 10 ha à 135 000 € ! Il faut dire que l'agriculture néerlandaise s'est considérablement développée : elle est devenue si performante, rentable et innovante, qu'avec seulement 1,2 % de la SAU européenne, le pays réalise en 2019 le 2e meilleur excédent commercial agroalimentaire au niveau mondial, derrière les États-Unis.

Ici aussi, l'agriculture décriée

Le marché, c'est-à-dire l'offre et la demande, est au centre de toutes les attentions. Ainsi, Peter s'est tourné vers des cultures spéculatives, où la rentabilité est aussi importante que le risque : des pommes de terre en contrat avec Mac Cain, des semences d'oignon exportées dans le monde entier, comme les plants de patates, des betteraves, du fourrage rapportant 1 500 €/ha/an, des bulbes de fleurs 2 500 €/ha/an. Pour les céréales, qui ne servent qu'aux rotations, l'objectif est « d'être à l'équilibre ». Revers de la médaille de la remarquable croissance agricole hollandaise : une production très intensive, qui épuise les ressources naturelles, donc peu compatible avec la transition écologique et les exigences sociétales.

« Je suis très déçu par le débat sur les pesticides, toujours accusateur. Le bio, c'est une voie mais il en existe d'autres à respecter, comme l'agriculture raisonnée où l'on emploie le moins de produits phytosanitaires possible », explique l'exploitant, soucieux de l'incompréhension et de l'animosité de ses concitoyens. Familier des plateaux télé et des médias, mais également membre actif de l'association Boer Bewust, qui s'efforce de tordre le cou aux clichés sur l'agriculture, Peter estime que « les agriculteurs doivent être plus présents » pour contrecarrer les mouvements extrémistes et la communication qui les rend responsables du réchauffement climatique, de la maltraitance animale...

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